Salar de Uyuni et Sud Lipez

L’étendue la plus plate au monde

Le salar de Uyuni, le plus grand et le plus blanc des salars du monde, est l’étendue la plus plate au monde, aussi grande que la moitié de la Wallonie avec une différence de niveau de 50 cm, le tout à 3670 m d’altitude. Nous démarrons de Uyuni pour 4 jours qui se termineront à San Pedro de Atacama au Chili.


Jour 1 :

Un beau Toyota full option arrive à notre hôtel. Nous chargeons les sacs sur le toit et c’est le grand départ peu après 9h30. On commence par le cimetière de train, un décor surréaliste, importé d’Angleterre, qui n’a rien à voir avec le Salar qu’on rejoint ensuite.

Un décor surréaliste

Chaque jour, tout au long de l’année, une 50ène de jeeps (70 en juin) partent à travers le Salar, pour 1 à 5 jours avec 5 ou 6 touristes, ça ne fait encore que 250 à 300 touristes par jours. Pas de quoi être en surnombre dans ces étendues infinies, même si à certains endroits on retrouve une concentration d’une dizaine de véhicules.

Pour le pique-nique, Omar, notre chauffeur, nous propose de s’arrêter au milieu du Salar, où nous sommes seuls, au milieu de cette étendue blanche. Poulet, riz, légumes, on n’a jamais aussi bien mangé à midi. Mais voilà déjà un premier soucis technique, une fuite à hauteur de la pipette d’un des pneus, qui sera colmatée avec du papier toilette et du coca cola. Et ce qui est incroyable, c’est que ça tient. Après un petit coup de compresseur, nous voilà repartis.

Le plaisir de rouler sur l’eau
et effet miroir parfait

On se dirige vers le volcan Tunupa, que nous souhaitons gravir le lendemain matin. On s’arrête de temps à autre, le temps de l’une ou l’autre photos. Suite à la neige de la semaine passée, certaines étendues sont couvertes d’un peu d’eau, qui donne un effet de miroir parfait. Ça amuse aussi beaucoup les enfants de rouler dans l’eau. « ¡A la izquierda! ¡A la derecha! » criera Titi au chauffeur, en cherchant l’endroit le plus profond… On arrive tôt à destination, dans une habitation faite de blocs de sel. On a la chance d’avoir de belles chambres. Par terre, ce sont des gros grains de sel. On se demande s’ils nettoient à l’eau ou à l’aspirateur… Les plus jeunes aident Omar à nettoyer la voiture de tout le sel accumulé. On se couche de bonne heure, car une grosse journée nous attend pour demain.


Jour 2 :

Un volcan qui nous en fait voir de toutes les couleurs,
au sens propre, comme au figuré

Lever un peu dur à 5 h. C’est qu’on a 1000 m de dénivelées à avaler, pour arriver au bord du cratère du Volcan Tunupa, à 4900 m. Le démarrage est vraiment difficile, alors qu’il fait encore noir, à 6 h. Avec le lever tardif des enfants, notre petit déjeuner est débarrassé, avant que nous n’ayons l’occasion de le prendre. On est au régime biscuits et Fanta. Au fur et à mesure qu’on avance, les enfants reprennent des forces. Les couleurs sont incroyables. Les cailloux sont jaunes pour devenir rouges en approchant du cratère, avec des plaques de neiges fraîches par endroit. Beau sommet avec une belle ambiance montagne.

Retour un peu tardif, il est près de 15 h quand nous rentrons à l’hôtel, pour enfin manger autre chose que des biscuits. C’est que les 1000 m, il a aussi fallu les redescendre !

Il nous faut maintenant traverser tout le Salar en jeep, mais notre chauffeur nous annonce un soucis technique à la direction. Un changement de véhicule et de chauffeur est organisé au milieu du Salar. Entre temps, il roule prudemment et heureusement, pas de précipice à nos côtés.

Changement de jeep

Le changement se passe bien à l’île des cactus, ou la Isla del Pescado, c’est selon (il y a plus de cactus que de poissons à pêcher ici !), et nous voilà repartis avec une Toyota un peu plus vieille, 23 ans, et notre nouveau chauffeur, Beymar, un peu plus jeune. On trace, histoire de rattraper un peu de temps. Coucher de soleil sur le Salar et on arrive vers 20 h à un nouvel hôtel de sel.

Ce soir, un joyeux mélange de carne, patatas fritas, huevos y tomates. Si au moins, tout n’avait été mélangé ! Y a pas à dire, mais la Bolivie, faut pas y aller pour bien manger. C’est comme les conditions de voyages dans ces contrées lointaines. Alors qu’il gèle à -10, -15 C, chaque nuit, pas un logement n’est chauffé et l’accès à l’eau est plus que limité. Heureusement, pour cette nuit, on a des bonnes couettes bien chaudes et dès que le soleil est là, il fait bon. On applique donc la technique de l’oignon, on multiplie les couches, jusqu’à 7, en fonction de l’heure de la journée ou de la soirée.


Jour 3 :

Ce matin, les enfants sont grands. Tandis que Dona et Thomas déjeunent, Timeo arrive en s’étant débrouillé tout seul, suivi d’Emilio, qui annonce avec un grand sourire, que son sac est bouclé.

En route pour le bout du monde

Nous roulons ce matin sur une bonne piste, dans un paysage désertique, avec tout autour de nous, des volcans de plus de 6000 m, qui font la frontière avec le Chili. On est vraiment au bout du monde et on a plusieurs centaines de km à avaler.

On longe une vieille ligne de chemin de fer, qui est toujours utilisée pour amener les minerais (cuivre, or et platine) d’une montagne en Bolivie, qui perd chaque jour d’un peu d’altitude, vers le Chili, pour l’accès à la mer. Le fameux accès à la mer qui est revendiqué par la Bolivie, depuis qu’elle l’a perdu lors de la guerre du Pacifique en 1864. En tout cas, à voir l’état de la voie de chemin de fer, on n’a pas trop de difficulté à s’imaginer en 1864 ou dans un Western…

De la poussière qui nous arrive de partout

Par moment, on se retrouve dans un nuage de poussière, de la jeep qui nous précède. On a beau fermer toutes les fenêtres, il n’y a rien à faire, on voit la poussière passer par la ventilation et le bas des portières. Emilio tente de calfeutrer ce qu’il peut avec notre nappe de pique-nique. Qui a dit qu’il serait plus confortable de voyager en jeep qu’à pied ?

Photo,
photo,
photo

On prend des photos aux mêmes endroits qu’il y a 17 ans. Rien n’a changé, les mêmes pierres aux mêmes endroits, le même volcan avec la même fumée, dans le même ciel bleu. Ici, le temps et la nature sont figés pour une éternité et c’est toujours aussi beau !

On monte ensuite par une piste chaotique. On est balancé de gauche à droite et de droite à gauche, mais comme on avance moins vite, on mange moins de poussière. Diego se plein de maux de ventre. On lui répond de regarder la route. Et Timeo de rajouter : « Mais il n’y a pas de route ici ! »

Couleurs,
couleurs,
couleurs

On arrive à une première lagune avec quelques flamands roses. Les lagunes vont se succéder les unes aux autres, de couleurs chaque fois différentes, en fonction des minéraux présents, du type de plancton, de la température et du vent. On remonte progressivement une large vallée qui semble ne pas avoir de fin et on se retrouve vite au-delà de 4700 m, aux montagnes aux 7 couleurs. Un dégradé de brun, rouge, orange, jaune, vert, noir et blanc, incroyable. Avec le vent de ces hauteurs arides, il ne fait vraiment pas chaud, malgré le soleil et on supporte très bien toutes nos couches.

Sur la route, on croise parfois des animaux. Un fenec, des vigognes. On termine par la Laguna Colorada, d’une couleur rouge vive et on arrive à notre logement, le plus sommaire de tous. Pendant que nous mangeons un bon spaghet, tous les chauffeurs s’afférent autour de la bobine d’allumage d’un des moteurs. Les enfants précisent tout de suite qu’il ne s’agit pas de notre jeep.


Jour 4 :

4h30, le réveil sonne. C’est que nous avons un transfert pour le Chili à 10 h que nous ne pouvons pas rater, qu’il y a encore un bon bout de piste qui nous attend et on souhaite profiter des geysers sur la route.

Lever matinal pour eau chaude naturelle

Dans la chambre. Il fait 4 C, dehors, -15 C, tous les moteurs des 4×4 tournent pour surchauffer les habitacles. La nuit est totalement noire, avec plein d’étoiles au dessus de nos têtes. Des frontales s’activent partout, ils n’ont pas redémarré le groupe électrogène ce matin. Après un rapide p’tit déj, les sacs sont chargés sur les toits des véhicules. C’est la grande ambiance.

On prend la route peu après 5h30, mais en chemin, nous sommes vite interpellés par un véhicule à l’arrêt, tous feux éteints, alors qu’il fait toujours nuit noire. Son moteur fume, on s’arrête et Beymar va voir. Les véhicules qui nous suivent font de même. Ca s’active autour du moteur du véhicule en panne. Un gros panache de vapeur s’en échappe. Le temps d’un instant, on est plongé dedans et les enfants hurlent. Ils remettent de l’eau dans le radiateur et la caravane de 4×4 redémarre.

On n’arrête pas de monter et la piste est vraiment mauvaise. A un endroit, elle est signalée uniquement par des kerns, à un autre, on traverse une accumulation de neige et de glace qui fait 80 cm de hauteur et dont le passage a été dégagé par un tracteur, lors des dernières chutes de neige, il y a 2 semaines. Le jour se lève et le ciel passe par toutes les couleurs.

Spectacle de toute beauté
au lever du jour

6h50, on arrive aux geysers, à 4900 m d’altitude, juste 10 min avant le soleil. Le spectacle est grandiose. Le soleil à travers les vapeurs donne des images surréalistes. A côté de cette vapeur, de la neige, de la glace. Ca bouillonne de partout. On entend les bulles de boue qui éclatent, on a l’impression d’être sur le couvercle d’une casserole à pression, qui n’est rien d’autre que notre terre !

Le plaisir de se baigner,
de se rincer, de se laver

On poursuit ensuite vers un lac et des piscines thermales, le temps de se réchauffer dedans alors qu’il ne fait pas loin de 0 C dehors. Certains hésitent, au final, on s’y retrouvera tous, avec notre chauffeur. Ca fait vraiment du bien, même si on redoute tous le moment où il faudra sortir de l’eau.

Un passage de frontière qui ne rigole pas

Enfin, après le désert Salvador Dali et la Laguna Verde, qui est gelée, on arrive au poste frontière. Si la cahute bolivienne ne nous fait pas de soucis, il en sera tout autre pour rentrer au Chili. 1h30 d’attente, déclaration de toutes nos victuailles, fouille de tous les bagages, confiscation de nos quelques fruits et du reste du pot de miel que nous transportions depuis Arequipa, pour varier notre petit déjeuner. Heureusement, voyant nos enfants, nous ne sommes pas obligés de défaire tous nos sacs, contrairement aux autres passagers du bus, que nous avons pour notre transfert vers San Pedro de Atacama. Nous arrivons, un peu fatigué vers midi, ce qui fait 13 h, à l’heure chilienne.

Au final, un très beau périple, des images plein la vue. Et comme souvent en montagne, des paysages à la hauteur des efforts qu’il faut fournir.

Infos pratiques :
Sur le trajet, il y a une série de passages payants, comme repris dans les guides et comme vous expliqueront les agences. En géneral, les enfants de moins de 12 ans ne doivent pas payer, c’est en tout cas le cas pour l’entrée la plus chère. Pas de tarif Etudiant par contre au delà de 12 ans.
Pour gravir un volcan, il faut se faire accompagner par un guide local, qui n’est pas votre chauffeur. Ici aussi, le but est de nous faire passer à la caisse, plus que de réellement nous guider. Il n’y a qu’un seul chemin, on ne peut donc pas se perdre et de toute façon, le guide on ne le comprenait pas car il ne parlait que Quechua. Bref, acceptez de faire un don à la communauté locale ou jouez d’un peu de ruse, en explicant que vous allez juste au premier site avec le ticket classique et libre à vous de poursuivre seul au-delà. Vous ne risquez aucun contrôle plus haut, comme nous ont expliqué d’autres touristes non-accompagnés.Un autre avantage du tour de 4 jours que nous avons fait, c’est que comme on passe 2 jours sur le Salar, au lieu d’un seul, on s’écarte un peu des itineraires les plus courus, mais surtout, on passe à d’autres heures. On n’a donc pas trop souffert de cet effet de tourisme de masse, comme on a pu l’entendre d’autres touristes, d’autres voitures. On est donc très content de notre choix de 4 jours qui n’était pas beaucoup plus cher.